Martin, la Bolivie du sud ouest et retour en Argentine

Mardi 18 avril : Repos, on a besoin de se poser… Sans doute pas facile à comprendre, vue de chez nous. Et bien oui, depuis plus de 15 jours, on a vu énormément de choses, tant la nature du sud Bolivien est riche. La venue de Martin nous a aussi incitée à lui offrir une belle palette de découvertes. Résultat, changement de bivouac chaque jour, pas mal de route, lever parfois tôt et journées bien remplies. C’est donc avec beaucoup de plaisir que nous nous posons sur ce bord de lac paisible du nord Argentin pour 3 jours. Fini le froid et la fatigue des hauts plateaux. Nous sommes redescendus à 1.000 mètres, le soleil fait quelques apparitions. Au programme, lever relax, balade, école de Lise, petit rangement, tour en vélo, nettoyage, jeux, siestes… Ca fait du bien aussi de revoir du VERT.

C’est finalement le 5 avril que nous quitterons Sucre pour rejoindre Potosi, où nous avons RDV avec Martin. A Sucre, nous bivouaquerons dans un petit jardin parking, tout proche du centre, avec douche et toilette. Dommage le chantier juste à côté, avec les nuisances sonores que cela représente. Nous sommes aussi un peu incommodé par la circulation et les odeurs d’échappement. Nous craquerons pour un délicieux « château brillant » au restaurant de l’alliance Française, renseigné par Colin et Mélanie. La route vers Potosi est très belle et nous dormirons à côté de « l’œil de l’Inca », bassin parfaitement rond de 100 mètres de circonférence, à une température de 35 degré. Baignade fort agréable à la lueur des étoiles. La ville de Potosi est fort connue pour sa mine gigantesque et visitable. Le problème c’est que depuis l’épuisement des filons d’argent, c’est l’étain, beaucoup moins rentable qui est extrait. Avec pour conséquence, une forte dégradation des conditions d’exploitation, des prises de risque inconsidérées pour les mineurs (et pour les visiteurs), en échange d’un salaire de misère. Nous ferons donc l’impasse sur la visite, et éviterons ainsi un certain voyeurisme.

Lever 6.45 ce vendredi 7, et plein d’énergie pour retrouver Martin, après une nuit de bus venant de La Paz, à la gare des Bus de Potosi. Il est en pleine forme, sourire radieux. Ses 10 jours en solo, entre La Paz, le lac Titicaca, et une ascension à 6.088 mètres, maillés de nombreuses rencontres l’ont rempli de bonheur et d’énergie. Petit moment d’émotion pour les parents… Nous quittons Potosi après un tour rapide pour un très beau bivouac en bord de rivière. Sandrine et moi partirons pour une très belle ballade l’après midi pendant que les jeunes se reposent dans le Van.

Le lendemain c’est route vers le fameux Salar de Uyuni dont nous rêvons depuis des années. Après mure réflexion, nous avons réservé un tour de 3 jours en Jeep avec chauffeurs, pour explorer dans de bonne conditions le Salar et les curiosités de la montagne environnante. Ce tour nous a été conseillé par tous les voyageurs que nous avons rencontré, et il nous permet aussi de préserver le véhicule, en lui évitant une méchante croute de sel liée à la traversée du Salar. La veille de notre départ nous tombons par hasard, avec bonheur, et pour la 5ème fois, sur nos amis Suisses Brice et Laura (coucou si vous nous lisez !). On partage apéro et repas en toute simplicité, après la visite du cimetière des trains.

C’est finalement plus de 900 KM que nous parcourons en 3 jours avec notre chauffeur moyennement sympathique, sur des pistes de montagne parfois difficilement praticable. Les décors sont par contre enchanteurs. Plus que des textes, les photos parlent d’elle-même. Sans oublier les classiques de jeux de perspective. Pendant 3 jours c’est une succession de salars, lagunes, canyons, geysers etc, culminant parfois à plus de 4.750 mètres. Bilan de l’expédition super positif bien entendu, malgré un trop grand nombre d’heures en voiture, et le sentiment de se trouver « coincé » dans un circuit trop touristique avec « halte obligatoire » à droite ou à gauche. Et aussi la déception de ne pas avoir pu découvrir « en solo », avec Free Free, ce fameux Salar de Uyuni qui nous a fait tant rêver, ce désert a une surface du tiers de la Belgique et est une gigantesque réserve de sel et de lithium. Voyager, c’est aussi faire des choix en permanence, et il nous appartient de les assumer.

Il nous reste encore 5 jours, pour parcourir les 400 KM qui nous séparent de Salta en Argentine, où Martin prend son avion de retour. Le sud de la Bolivie nous offre encore ses beaux paysages, canyons rouges et montagnes multicolores. Nous frôlons la saturation. Le passage de la frontière vers l’Argentine ne pose pas de soucis. Processus en 4 étapes d’un baraquement à l’autre. Pendant les formalités, Lise et Martin nous préparent des croques-monsieur. Cela nous rappelle la frontière du Panama beaucoup plus compliquée il y a 9 ans. Et c’est avec un beau sourire que nous parcourons ces nouveaux tours de roue en Argentine. La différence est tellement flagrante. Etat des routes, magasins corrects, attitude des locaux beaucoup plus ouverte et bienveillante, eau potable aux stations service, petits restaurants sympa etc… Par contre on doit se remettre en recherche de cash. Comme vous le savez, le taux de change est du simple au double en fonction d’un retrait à l’ATM ou d’un apport en devise étrangère. Nous trouvons finalement assez facilement un point d’échange « Western Union » pour nos liquidités.

Le paysage est encore très beau, entre roches rouges, montagnes colorées et canyon. Dans le beau petit village de Tilkara, nous entreprenons de monter une piste assez escarpée de 5 KM, pour une petite balade vers une jolie cascade. Sandrine est scotchée sur la banquette arrière, pas très rassurée. Martin m’assiste en excellent copilote. Heureusement personne ne vient en sens inverse. La ballade est sympa et Martin entreprend de monter en solo au dessus de la cascade, pour une baignade et un brin de toilette. Malheureusement, lors de la descente, il dérape et se rattrape dans un vilain cactus. Bilan, plus de 30 grosses épines enfoncées de plus d’un cm dans le coude et dans la main, qu’il entreprend de retirer une à une à travers son pull. Arrivé au Van, désinfections et 3 épines se sont cassées laissant leur pointe inaccessible sous la peau. Le médecin du village n’a d’autre conseil que de « laisser faire la nature »…

Nous reprenons la route le lendemain, pour une nouvelle ascension de 2.000 mètres et un col à 4.300 vers les « salinas grandes » et notre ultime visite dans l’Alti Plano. Cette fois-ci nous pourrons rouler dessus quelques KM avec Free Free et prendre à 4 un apéro bien sympathique.

Dimanche 16, route vers Salta (merci Martin) et visite de cette ville bien sympathique. Et son musée très connu pour abriter 3 momies Inca intactes d’enfants vieilles de plus de 500 ans. Tout est encore visible… Têtes, peaux etc… Petit bivouac proche de l’aéroport, entre chiens, trains et avions. Heureusement, la nuit venue, tout se calme pour un dodo paisible et drop de Martin à la première heure.

Depuis notre dernier post, nous avons pris plus de 1.000 photos. Alors oui, la petite sélection proposée fait forcément rêver. Et n’oubliez pas non plus que la vie en Van, c’est aussi vider les chiotes, peu de bonnes douches chaudes, des recherches de bivouac, la gestion de la sécurité, la nourriture basique, la promiscuité parfois etc etc etc…

Et pour la suite ? Nous abordons maintenant la toute fin, il est temps de « boucler la boucle ». Il nous reste moins de 3 semaines et 2.000 km à parcourir. Nous discutons à 3 sur la façon d’aborder ce dernier moment. Comment profiter encore pleinement du temps qui nous reste, tout en donnant un coup de boost au niveau scolaire pour Lise, tout en préparant le dossier administratif pour le retour en bateau du Van, tout en se préparant sur la meilleure façon d’aborder ce retour, mais sans trop y penser quand même. Bref, encore un beau programme… Nous avons doucement envie de rentrer aussi. Retour le 7 mai!

Petit Bilan de la Bolivie, en vrac :

haut haut haut frio frio frio
enfer de la circulation à La Paz
habits traditionnels
pauvreté par rapport à l’Argentine et surtout au Chili
maisons sans chauffage et parfois sans toilette
télécabines ultra modernes à la Paz
bâtiments en briques rouges non terminés
pas de supermarket, que des marchés locaux
paysages du sud très impressionnants
bonnes routes très tournantes vers les vallées
snickers et glaces dégelés regelés
chips locaux mauvais
travail intense de la population 7j/7
facilité encore pour dormir partout et superbe
pas de sentiment d’insécurité
sec et poussière
au début beaucoup d’orages
mal d’altitude, mauvaises nuits
la coca
alpagas, lamas, vigognes tout doux
beaux centres coloniaux de certaines villes : Sucre, Potosi, Samaipata
beaucoup de mines : argent étain lithium sel borax
grosse frustration d’avoir perdu l’accès à la mer au 18^ème siècle
différentes ethnies indiennes préservés : amaira, quechua,…
blanc = gringo
fierté nationale
2 parties très opposées : amazonie et altiplano
Diesel à 2 prix : 2 x plus cher pour les étrangers sauf si on prend au bidon
Certains lieux très touristiques