Le nord du Chili et le désert

Cet épisode va clore notre remontée de 5000km au Chili !

Partie 1 d’écriture, samedi 25 février, il est 10 heures, journée « normale ». Lever vers 8.30, petit déjeuner et école pour les filles. Math au programme. Nous venons de passer une très belle nuit dans le désert d’Atacama. A 3 km de la route, une petite piste nous mène à l’ombre de 2 arbres, avec petit cours d’eau. Derrière nous, plus de 10 volcans sont visibles. Ils s’alignent suivant la faille sismique de la cordillère. Les sommets pouvant dépasser 5.000 mètres, sont enneigés. Devant nous, vue infinie sur le désert et le salar d’Atacama.

En quittant valparaiso, on a fait une petite rando à cheval sur la plage et dans les dunes, cadeau de St-Nicolas pour Lise qu’on attendait la bonne occasion de faire.

Sur la route du nord, nous avons fait une pose de 3 jours dans la vallée de l’Elqui. Cette vallée est réputée pour sa luminosité parfaite et en fait un lieu privilégié pour l’observation des étoiles. Les observatoires sont multiples. Nous réserverons une soirée dans l’un d’eux avec accès à un téléscope géant. Belle soirée d’observation, toutefois un peu décevante par l’attitude du guide, qui nous semble plus passionné par son petit business que par le monde des étoiles. Faut dire que les chiliens sont passé maître dans leur capacité à gagner de l’argent avec tout ce qui est possible… Malgré out nous apprendrons à reconnaître certaines étoiles et planètes dans le ciel et on continue notre apprentissage avec un apps…

Nous aurons aussi fort chaud dans cette vallée entourée de hautes montagnes. Seul un Rio donne la vie à de nombreuses cultures de raisins servant à la fabrication de l’alcool national que l’on sert à l’apéritif, le Pisco. Délicieux en cocktail pisco sour. En conséquence, l’accès à ce rio pour se rafraichir est indispensable… et compliqué, car bordé de cultures protégées, comme tous les terrains privés par des hautes barrières. Nous profiterons de notre passage dans un gros village pour faire nos lessives (voir insolite). La recherche de bivouac est aussi plus compliquée. Spot sympa au bord d’un lac, mais les chiens du village à proximité nous tiendrons éveillés une bonne partie de la nuit. Autre spot « à l’écart » à côté d’un cimetière (toujours bien les cimetières car pratiquement toujours un robinet accessible). Calme, jusqu’au moment où la fête du samedi soir dans la buvette de foot nous tiendra éveillé jusque 1.00 du matin. Nous verrons aussi les traces d’un gros orage, recouvrant la route de 40 cm de boue le lendemain.

Le temps passe, et il nous reste encore 2.000 km pour atteindre le nord Chili et la frontière Bolivienne. Nous décidons de rouler d’une traite, les 1.200 km vers la vallée d’Atacama. Nous nous mettons en route vers 13.00 pour une première étape de 500Km, après avoir récupéré Free Free que nous avons laissé au garage la matinée pour un entretien classique « vidanges, filtre huile, filtre mazout et filtre à air + contrôle général ». Tout va bien. Nous passerons la matinée dans un shopping center digne de l’Esplanade à LLN qui se finira par un Mc Donalds dont Lise rêvait… Beurk, Sandrine fera l’impasse. Belle nuit le long de la mer très sauvage.

Le lendemain, ce sera 700 km au programme. La route est bonne, facile et magnifique. Entre la côte et la montagne, nous montons en altitude et rentrons dans de nouvelles zones désertiques. Au-delà de la nature nous pénétrons dans une zone à forte exploitation industrielle, grâce au cuivre présent dans le sol. Le cuivre qui est la première richesse du pays et représente encore 40% du PIB ! Les sites miniers s’enchainent et sur la route tout fonctionne autour de l’industrie. Lorsque l’on fait le plein dans un « village étape » ce ne sont que des camions, des garages, des marchands de pneus etc… Cela sent l’huile, l’essence, les gaz d’échappement. Pas un arbre, un vrai décor de Mad Max. Et soudain, au détour d’un tournant, des fermes de panneaux photovoltaïques à perte de vue et des sites éoliens gigantesques. Ici ça bosse. Certains transports exceptionnels de grosses bennes de camion nous arrêtent. La traversée du désert depuis 1200km est magnifique, Sandrine adore et conduit pour une fois en se croyant au dakar.

C’est vers 19.00, un peu tard, que nous arriverons à la porte de « la vallée de la lune », proche de la ville de San Pedro de Atacama. Beau couché de soleil au sommet d’une dune. Visite de la vallée à pied le lendemain où nous rencontrerons une famille de français avec 2 ados de 12 et 13 ans, nous reprenons notre chemin vers le Van. Et là, un ranger pas content nous empêche de continuer. Nous sommes à 10 min du Van, on a faim, on a soif, il fait chaud et le gars nous explique qu’on est complètement illégal, qu’on pouvait pas dormir où on a dormi, qu’on risque une amande de 1.000 euro et qu’il appelle la police. Sauf que c’était marqué nulle part donc on ne pouvait pas le savoir…Commence alors la négociation… On switch en Anglais «  no habla espagnol ». C’est un premier réflexe important car comme cela, nous on a plus facile à discuter et pour lui c’est beaucoup plus compliqué. Je fais mine de m’énerver pour faire monter la pression et lui montrer que cela ne sera pas si facile. Sandrine quand à elle fait preuve d’une grande empathie et de compréhension (bravo à elle) vis-à-vis du gars, qui finira par nous laisser passer. Ouf. Le soir on retrouvera la famille Française au resto et passerons la nuit devant leur RB&B. Et oui, eux c’est 6 mois en sac à dos. On sympathise et Lise est trop contente de rencontrer pour la première fois du voyage des jeunes francophones de son âge. On se fera encore un BBQ ensemble plus tard dans la semaine.

Hier, nous avons passé avec succès notre baptême d’altitude en montant à 4.250 M avec Free Free pour visiter une magnifique Lagune. La haute altitude représente un double défi. Tout d’abord pour le corps humain. L’oxygène est plus rare et les effets secondaires dans les premiers jours peuvent être nombreux (maux de tête, nausée, fatigue etc…). La feuille de coca commence à faire son apparition. L’autre risque est mécanique. La carburation est rendue plus difficile, ce qui peut générer une perte de puissance et différent encrassement pouvant perturber l’électronique et mettre le véhicule en mode sécurité, limitant la vitesse à 30 km/h. Finalement tout s’est bien passé. Nous sommes restés 3 heures là haut. Un peu fatigués sans doute mais rien de plus. Ce qui est aussi frappant c’est la route d’accès dans le désert. Il n’y a pas de col !!! Ce sont 80 km de montée progressive presqu’en ligne droite. Rien à voir avec les routes à lacets de chez nous, pour arriver à seulement 2.000 mètres…         

Partie 2 d’écriture, samedi 4 mars,

Je vous écris du petit village de Socoroma à 3100 mètres d’altitude et à 70 km seulement de la frontière Bolivienne.  Petit village typique de la montagne où nous sommes installés près de l’église, le vert est revenu dans la vallée. Petite ballade sur un ancien chemin inca, il y a aussi des terrasses en pierre pour les cultures datant de cette époque. Et un beau système d’irrigation. La région est déjà beaucoup plus typique, et la population aussi.

Hier nous avons quitté Arica sur la côte, tout au nord du Chili et monté jusqu’ici pour une pose d’acclimatation. On a bu un « thé à la coca » dans la montée. Tantôt, on passe la frontière Bolivienne à 4.500 mètres. Le passage en Bolivie signifie aussi un retour dans un pays beaucoup moins développé. On a donc fait le plein d’eau, de gaz, de diesel, d’AD blue, d’huile etc… Nous voilà parés.

Nous avons pris notre temps cette semaine pour finir la remontée du Chili. Dans le désert d’Atacama, nous avons rencontré les flamands roses dans une lagune de salar en pleine canicule. Un très beau  moment.

Nous nous sommes reposés ensuite 2 jours au bord d’un petit Rio traversant un canyon de cactus où nous avons vu nos 1ers lamas. J’en ai profité pour faire 2 petites sorties en vélo en altitude.  La région d’Atacama est superbe, très propre, et plus typique car la population est plus indigène, les « atacamiens ? ».  C’est aussi notre 1^ère découverte de ce fameux altiplano tant attendu.

Nous reprenons ensuite la route dans ces étendues désertiques qui n’en finissent. Pus de 800 km nous séparent encore de Arica, à l’extrême nord du Chili. Nous tenterons de visiter la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert  au monde. Malheureusement, depuis le covid, les visites sont supprimées.

Avant le cuivre, c’était le nitrate qui a fait la richesse du Chili. Le nitrate était alors un composant très efficace pour enrichir les sols et la culture, en Europe particulièrement. Jusqu’au jour, où, dans les années 60, une société allemande a inventé le nitrate artificiel. Résultat, tous les sites miniers sont abandonnés. L’un d’entre eux a été préservé et est encore visible aujourd’hui. Il s’agit du site de « Humberstone », classé aujourd’hui par l’Unesco. Cette visite est particulièrement impressionnante, car à coté de la mine et de ses installations, c’est toute la ville développée pour ses 3.000 mineurs qui est préservée. Logements, magasins, théâtre, place, piscine, dispensaire et terrain de sport, tout était prévu pour les mineurs et tout était géré par la mine en « vase clos ». Une monnaie locale a même été développée. Un eco-système novateur, hyper paternaliste, sans doute un peu effrayant d’un point de vue des libertés individuelles….

Dans cette région il y a beaucoup de géoglyphes sur les montagnes, traces que les indiens dessinaient sur les montagnes entre -400 et 1400, comme les lignes de Nazca.

Nous passerons aussi 2 jours au bord de l’océan, dans un tout petit village de pêcheurs. Les vagues sont si fortes qu’il est totalement impossible de s’y baigner. Et ce qui nous animera ce jour là encore c’est l’observation du monde animal, à côté de quelques lions de mer, ce sont d’énormes pélicans qui feront leurs apparitions ainsi que le ballet incessant de centaine de « Cincles plongeurs » ou de Cormorans, je ne sais pas très bien. Lorsqu’un ban de poisson est repéré, ces oiseaux se transforment en flèches transperçant la surface de l’océan pour trouver leur nourriture sous l’eau…

Nous aurons aussi la chance de revoir d’autres voyageurs rencontrés plus tôt dans le voyage, au hasard des chemins.

Nous visiterons aussi un petit musée expliquant la méthode de momification pratiquée par les chinchorras. Les momies retrouvées ici, sont les plus vieilles découvertes sur terre, elles ont environ 12.000 ans.   Elles sont particulièrement bien conservées dûs aux conditions climatiques du désert avec quasi jamais de pluie.

Insolite

• Pour le linge, nous avons opté pour l’option confort. A savoir, suffisamment de vêtements pour tenir 1 mois et grosse Laundry ensuite. Double problème : 1) il n’y a pas de laverie automatique ou autre ayant pignon sur rue.  La recherche d’une « gentille madame » n’est donc pas si simple. Et quand tout est sale, tout est sale, difficile d’attendre 3 jours de plus. Bref, on fera quand même des petites lessives relais. 2) Après 3 jours de recherche, nous trouverons notre bonheur, sauf que là ils ne prennent pas la « ropa interior ». On est donc bon pour trier notre linge et laver nous même culottes, soutiens, chaussettes et caleçons…
• Depuis un mois, le soleil est omniprésent. Et cela tape fort. Ce qui est unique et particulier, c’est qu’au soleil, il fait mourant (on a d’ailleurs surnommé la vallée d’Elqui en vallée d’El Cuire) et à l’ombre le vent est frais… On est donc souvent balancer dans les chaud froid. A titre d’exemple, lors de la descente de nos 4.250 mètres, la température extérieure est de 15 degré. Par contre, le soleil de face surchauffe l’habitacle via la pare-brise. Mes mains chauffent sur le volant. On décide d’allumer la climatisation.
• Sépultures de bord de route : partout où il y a eu des morts sur la route, il y a des petites tombes au bord de route, parfois même avec la voiture cassée dedans…

Petit bilan du Chili :

• Long long long long, 5000 km ! Imaginez si vous deviez faire autant en partant de chez vous où vous seriez
• Chiliens pas très accueillants, plutôt gros (glace 1 boule = 3 boules de Carette)
• Chiens partout, gentils le jour, chiants la nuit
• Cher, comme chez nous alors que le salaire minimum est de 400 euros, grands écarts de richesse
• Nature +++++++ et tellement variée, en passant des forêts abondantes au sud au désert gigantesque au nord
• Les sacrés barbecues familials du dimanche
• Les déchets, surtout au centre, au sud et nord il y a beaucoup d’efforts
• Pauvre culturellement (moins au nord)
• Très facile
• Accent espagnol très difficile à comprendre
• Tout est payant
• Une énorme partie du pays fait partie des parcs nationaux, souvent gérés par la conaf
• Bosseurs
• Mer montagne mer montagne
• Très stable économiquement et très développé
• Cordillère volcanique, une des zones plus sismiques au monde
• Coups de cœur :remontée des fjords et désert d’Atacama

Voilà voilà pour cet épisode ! Après l’Argentine et le Chili, nous sommes maintenant heureux de passer en Bolivie. La frontière étant à 4800m d’altitude, nous avons donc fait un stop pour la nuit à 3200m afin d’habituer doucement nos corps.

Et la super nouvelle, Martin nous rejoint début avril !

Comments

[Marc Crahay]

Un vrai plaisir d’avoir ainsi de vos nouvelles ! Passionnant….Merci de partager tout cela… (aussi la pause vélo de François dans le désert 😉 ) …
Ici Florence veut acheter Free Free quand vous aurez terminé et m’entraîner sur vos traces…!! 😅 je ne lui ai pas encore expliqué qu’il y aura une transat en voilier avant… 😀

Take care
Marc & Flo

[jac degive]

Bravo pour cette nouvelle grande étape cela me rappelle des souvenirs . Bisous

[Karin Enzlin]

Merci de partager ces beaux moments! Cela fait vraiment rêver ... Amusez-vous bien et soyez prudent !

[Dona]

Merci de nous faire partager votre beau voyage. J’ai bien aimé l’usine de cuivre et le panneau écrit en français 🥺En ce dimanche soir, tout gris ici et un peu pluvieux, j’ai froid ici pendant que François est parti en vélo. Et super chouette que Martin vous revient.

[Sandrine Bertrand]

Quel plaisir de lire vos nouvelles aventures et d'admirer vos magnifiques photos. Bonne continuation à toute la troupe!